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11 mai 2011

Inondations en Montérégie - impression d’impuissance

Surréel. Ce mot s’est imposé à moi toute la journée samedi dernier. Nous sommes allés chez mes beaux-parents à Noyan, une de ces municipalités durement touchées par les inondations. Leur maison a été épargnée par la crue des eaux. Les pompes fonctionnent sans arrêt au sous-sol pour éviter que l’eau dans le sol ne s’infiltre par le trou du puisard. Le niveau du lac Champlain est au-dessus du plancher du sous-sol, créant une pression sur la nappe phréatique. Les pompes qui fonctionnent au printemps, c’est naturel à cet endroit. Voir l’eau sur la route à quelques endroits l’est moins. Surréel.

Les vidéos à la télé et des photos sur Internet sont une chose. Être sur les lieux et ressentir la détresse des résidents en est une autre. Surtout lorsque ces lieux représentent des endroits connus où nos pas ou nos roues nous ont guidés. Surréel parce qu’en roulant sur certaines routes situées loin de la catastrophe, personne ne peut se douter de ce qui se passe à quelques kilomètres. Ce doit être cela la guerre. Un pâté de maisons complètement détruit et deux kilomètres plus loin, aucun dommage. Surréel de croiser des convois militaires de l’armée canadienne. Encore plus de voir un véhicule blindé Coyote circuler devant la maison! Impression de déjà vu.

Je ressens de l’impuissance face à ce que je vois. Je me sens voyeur. Lors de la crise du verglas en 1998, le sentiment d’impuissance avait vite cédé le pas à l’action, étant l’un des sinistrés. De voyeur dans les premiers jours, tu deviens acteur pour assurer ta survie. Oh pas que la vie soit en danger, après tout, nous vivons dans un pays où la paix et le confort règnent. Non. Survie dans le sens de focus laser sur la survie de tes biens matériels et du nettoyage suite au désastre.

Je me souviens encore de ce désespoir qui m’habitait au printemps 1998, lorsque la neige a fondu et que nous nous sommes attaqués au nettoyage du terrain. Des centaines de pieds de branches à casser, scier, déplacer, brûler. Le boisé derrière la maison qui devenait presque désert. 13 années plus tard, la nature a repris ses droits et rien n’y paraît.

Le cycle se répétera avec les maisons détruites en mai 2011 par l’eau stagnante. Dans 10 ans, seules les victimes des inondations se souviendront. Tous les printemps, pour le reste de leurs jours, ils ressentiront un pincement au cœur lorsque le ciel se gorgera de nuages noirs. Le pincement deviendra douloureux si l’hiver a été très neigeux dans les montagnes américaines et la fonte subite. Je parle en connaissance de cause. Quand le redoux de janvier se pointe, que les nuages menacent, que le mot pluie verglaçante est prononcé, une fibre se contracte en moi.

Depuis samedi dernier, le ciel est bleu. L’eau se retire peu à peu, laissant les débris. Le nettoyage et la reconstruction débuteront. Up. Down. Up. Down. Impuissance. Action. Destruction. Création. Ainsi va la vie.

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