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31 mars 2010

Les cargos ... la naissance du rêve de découverte du monde

25 février 2010. Je viens de quitter l'aquarium de Vancouver. Je marche sur le trottoir de Stanley Park Drive. La marée est haute. À ma gauche, Burrard Inlet, fréquenté par les cargos du monde entier. Je quitte le béton afin de marcher sur la plage de gros sable rugueux. L'air salin emplit mes narines d'odeurs qui me réconcilient avec la vie.

Sans cet air salin, point de salut pour moi. Sea to Sky, le nom de l'autoroute menant de Vancouver à Whistler, ne pourrait mieux me décrire. Je ressens un besoin immense de trois éléments naturels pour survivre: la mer, l'air (grands espaces naturels) et la montagne. L'absence prolongée de l'un des trois signifierait ma perte. Ici, à Richelieu, je retrouve l'air et la "montagne". Rien qui ressemble aux Laurentides de Québec, encore moins aux Rocheuses, mais bon, voir les monts Rougemont, St-Hilaire et St-Grégoire me permet de m'imaginer en de plus hauts lieux...

En ce 25 février donc, je marche sur la plage. Un immense porte-container de la compagnie APL s'annonce à ma droite. J'interromps ma promenade pour regarder ce mastodonte des mers. Vous êtes-vous déjà posé des questions en regardant un cargo? Vers où vogue-t-il? Que transporte-t-il? Que font ses marins, ses officiers? À quoi ressemble le quotidien sur un tel navire? Enfant, à Québec, elles me passaient toutes par la tête, ces questions. J'enviais les marins qui voyaient le monde.

D'où me viens cette envie irrépressible de découvrir le monde, ses lieux, les gens qui en font l'histoire? De ces avions qui laissaient des traces blanches dans le ciel, de ces navires qui passaient sur le fleuve, de ces trains sur lesquels travaillait mon grand-père Arthur? Oui. Des voyages d'affaires de mon père quand j'étais jeune? Des visites chez mes cousins de Lauzon, Champlain, Orléans? Oui. Des récits de voyage de la famille maternelle? Oui.

Mon père est né à Lauzon, sur la rue Couillard. Juste à côté de la Davie. Ce chantier maritime en a vu des navires quitter le Québec pour le monde! Je me souviens de nos visites chez grand-papa Arthur. Peu importe la journée, nous entendions les bruits de la machinerie. Cliquez ici pour vous retrouver sur la rue Couillard. Le chantier est en face de vous. La maison d'Arthur à droite. Ma soeur et moi nous rendions souvent sur le bord du fleuve, en empruntant la côte de la Grève-Jolliet. Nous lancions des cailloux à l'eau. Voyez-vous le cap rocheux juste ici? Nous y montions souvent. Assis sur les roches, j'en profitais pour zieuter les cargos et les voiliers sur le fleuve, en me posant toutes ces questions.

Installé sur ce tronc d'arbre à Stanley Park, je revois toutes ces images et le flot des souvenirs. Je sais que dans quelques minutes, les vagues du Beijing APL me rejoindront et feront disparaître mes trace de pas. La chanson Je voudrais voir la mer de Michel Rivard s'impose à mon esprit.

Je voudrais voir la mer
Et danser avec elle
Pour défier la mort

Je vis dans une bulle
Au milieu d'une ville
Parfois mon coeur est gris
Et derrière la fenêtre
Je sens tomber l'ennui
Sur les visages blêmes
Et sous les pas pesants
Que traînent les passants
Alors du fond de moi
Se lève un vent du large
Aussi fort que l'orage
Aussi doux qu'un amour
Et l'océan m'appelle
D'une voix de velours
Et dessine en mon corps
Le mouvant
Le mouvant de la vague

Je voudrais voir la mer
Je voudrais voir la mer
Je réalise que je suis la somme de toutes les expériences vécues. Plus jeune, alors que je ne savais exprimer ce que je ressentais, j'utilisais la musique et ses paroles. Cette chanson me représente tellement. Quand la grisaille s'empare de mon être, l'eau du Richelieu, force vive qui coule vers le fleuve, ma ville natale Québec, le golfe St-Laurent puis l'Atlantique, me rappelle la beauté qui m'entoure. Quand les larmes coulent, salées, je me souviens que nous ne faisons qu'un avec la planète, que nous sommes tous inter-reliés. Que les lieux façonnent les gens, qui façonnent les histoires.

Les vagues arrivent. Je vois en elles la Grève Jolliet, Hampton Beach, Clearwater Beach, les Iles-de-la-Madeleine. Je vois en elles la nature, avec ses hauts et ses bas. Je vois la vie. Je vois les étoiles qui veillent sur moi. Des gens. Des lieux. Des histoires. Mon blogue a failli porter ce nom. Inspirer par mon expérience s'est pourtant imposé l'automne dernier. Qu'est-ce qu'inspirer? Le Wiktionnaire m'indique ceci:

Faire entrer naturellement de l’air dans ses poumons.
Faire naître dans le cœur, dans l’esprit, quelque mouvement, quelque dessein, quelque pensée.

Inspirer l'air salin. Inspirer l'air de la montagne. Faire naître dans le coeur et l'esprit quelque mouvement. Lorsque je suis assis au bout du quai, à l'entrée du Canal Chambly, je vois le monde à portée de voile. Au sud, la ville de New-York. Au nord, la ville de Québec. Les deux reliées par un canal ou par la mer. Et cet océan Atlantique est lui-même relié à l'océan Pacifique par le canal de Panama. Et sur toutes ces surfaces voguent des navires, portés par vents et marées. Que voit-on en premier lieu de la terre ferme lorsque l'on navigue? Les montagnes. La boucle est bouclée. Les trois éléments essentiels de ma vie, exposant deux: mer - air - montagne, gens - lieux - histoires. Il est là mon fil conducteur. Raconter mes rencontres avec des gens inspirés et inspirants, dans les lieux qui les ont façonnés. Grand-papa Ben, grand-mamans Rollande, Yvette, Florence, vous me racontez une histoire? Une histoire que je raconterai à vos petits-enfants?

24 mars 2010

Athlète de la découverte du monde selon le Journal de Chambly

J'ai eu toute une surprise en visitant le site web du Journal de Chambly hier soir. J'ai vu ma photo apparaître dans les nouvelles déroulantes de la page principale! La manchette est la suivante: "Les Jeux de Vancouver passés, Christian Fortin vise de nouveaux rêves".

L'introduction du texte de Carole Pronovost me touche beaucoup: "La vie pour Christian Fortin ressemble aux interminables escaliers que les visiteurs de Cypress Mountain devaient monter après être passés à son poste d'entrée aux jeux olympiques de Vancouver, pour se rendre dans les estrade pour voir les compétitions. Il ne faut jamais s'arrêter en chemin, toujours pousser plus loin. À sa manière, il est un athlète de la découverte du monde." Il ne faut jamais s'arrêter en chemin, toujours pousser plus loin. Cette phrase va dans le sens de cette citation de Saint-Exupéry, le célèbre écrivain-pilote: "Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve." Dire qu'il fut un temps où je ne donnais pas cher de ma peau et de mon futur... Il faut croire que je n'avais pas encore trouvé ma voie.

Les enfants n'étaient pas au courant et ont découvert l'article dans l'édition papier du journal, que nous recevons le mercredi. Ils m'ont appelé au bureau pour me dire: "Papa, papa, tu es sur la page couverture du Journal de Chambly!" Vous pouvez être sûr que je ferai laminer cette page et la page 52, qui relate mon aventure avec moult photos. Le texte se termine sur ces mots: "Chose certaine, il ne se passera pas beaucoup de temps avant qu'on entende à nouveau parler de Christian Fortin, puisqu'il veut, comme le dit le titre de son blogue, inspirer par son expérience."

Vous pouvez lire le texte de Mme Pronovost ici.

Raconter mon expérience, encore et encore!

J'ai eu l'occasion aujourd'hui de présenter à deux reprises mes aventures aux Jeux de Vancouver. En avant-midi tout d'abord, au centre multifonctionnel de Boucherville. Une quarantaine d'agents immobiliers s'y étaient réunis pour entendre la conférence de Pierre Montpetit. Pierre est est un spécialiste de la formation du personnel de vente et de télé-marketing. Il donne des conférences depuis 1983 et son charisme et son enthousiasme sont contagieux. Le comité du regroupement régional Rive-Sud de la CIGM organisait cette conférence.

De 12h à 14h, les employés et cadres de la Chambre immobilière étaient conviés à une rencontre d'information dans les grandes salles du rez-de-chaussée. Michel Beauséjour, le chef de la direction, nous a présenté la nouvelle campagne promotionnelle et le tout nouveau site centris.ca, qui regroupe toutes les maisons à vendre par les agents immobiliers membres de la Fédération des chambres immobilières du Québec. 14 993 agents immobiliers vous offrent 70 673 propriétés MLS® au Québec!

J'ai eu le plaisir de refaire ma présentation devant mes collègues. Cette fois, j'ai revêtu une partie de mon uniforme des Jeux et montré plusieurs des objets reçus en cadeau. Ma présentation s'avère un work in progress que j'améliore de fois en fois. Je comprends les artistes qui disent avoir besoin de la dose d'énergie transmise par leur public. Le regard des gens, leurs sourires, les éclats de rire procurent un très grand plaisir. Constater que l'auditoire embarque dans l'histoire constitue une récompense magnifique. Et revêtir cet uniforme bleu qui en a tant vu à Cypress Mountain me rappelle que j'ai bel et bien vécu une expérience mémorable.

Le 4 mars, je mentionnais cette citation d'Albert Einsten: "C'est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu'il en a reçu." Je compte bien raconter mon histoire encore et encore et encore! D'ici la fin avril, je devrais le faire à au moins huit autres reprises, devant des agents immobiliers et des étudiants du primaire et du secondaire. Merci de m'écouter et de me transmettre votre énergie!

23 mars 2010

Pourquoi? Pourquoi? LA question

En novembre dernier, lorsque j'ai officiellement fait mon coming out sur l'expérience que je m'apprêtais à vivre aux Jeux de Vancouver, je peinais à répondre lorsque les gens me demandaient "Pourquoi? Pourquoi veux-tu tout lâcher pour aller loin d'ici?" Le doute s'installait à chaque fois dans mon esprit. "Ouin. Ils ont peut-être raison? Pourquoi lâcher ma famille, ma routine, mon confort à la CIGM, mes collègues et bénévoles? Pourquoi aller à Vancouver, loin de tout?" Je revenais à la maison et m'échinais pendant des heures devant l'écran du laptop. Demandez à ma blonde ce qu'elle pense des semaines menant à mon départ... Rédiger des courriels, rédiger des billets sur le blogue, en apprendre plus sur Vancouver, sur les Jeux. Je vivais sans le savoir cette citation lue dans le bulletin de nouvelle quotidien des bénévoles de Cypress:

« I find the harder I work, the more luck I get »

Ces paroles viennent de Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis. Pas fou comme idée. Je l'ai intégrée dans la présentation que je fais aux jeunes dans les écoles. Grâce à celle-ci, la réponse à la fameuse question prend forme. J'ai décidé d'aller à Vancouver car:
  • J’organise des événements et coordonne des bénévoles;
  • Je suis curieux et voulait vivre de l'intérieur le plus gros événement international;
  • Je voulais revivre la magie de l’international, cette magie vécue en 1989 en Yougoslavie et en 1990 en Pologne. Cette magie que dégagent des gens de partout qui se retrouvent loin de chez eux et qui partagent une passion;
  • J’adore l’hiver et les montagnes …
Samedi dernier, le 20 mars, je devais animer un atelier au colloque du comité de parents de la Commission scolaire des Hautes-Rivières. Mon atelier n'a pas eu lieu car il n'y avait pas assez d'inscriptions. J'y ai été, afin d'entendre Martin Larocque prononcer sa conférence "Êtes-vous là où vous voulez être ?" J'y ai trouvé une autre excellente réponse. J'ai été à Vancouver car:
  • Je ne voulais pas passer le reste de mes jours à regretter d'avoir laissé filer cette opportunité.
Je le vois tellement dans les yeux des gens, ce regret des rêves non réalisés. La tête qui penche imperceptiblement, la tristesse dans le regard et dans les épaules. J'ai vaincu ma peur, contre vents et marées, pour vivre ces trois semaines qui marquent un point tournant dans ma vie.

Lorsque je pars en voyage, j'accomplis toujours le même rituel. Je me dirige vers une librairie et je laisse les livres m'interpeller. Le weekend avant mon départ, la Librairie au Carrefour à St-Jean-sur-Richelieu a donc reçu ma visite. Je ne pensais même pas y arrêter, moi qui suis un habitué du Renaud Bray et du Archambault de Brossard. Je marchais d'un pas rapide vers la sortie, lorsqu'une couverture bicolore portant une tasse de café et un point d'interrogation a accroché mon regard. Encore ce Pourquoi? qui me suit! Le texte en haut de couverture m'achève "Une histoire au sujet des occasions que l'on trouve à la croisée des chemins..." Vendu!

10 février. J'emporte trois choses avec moi dans l'avion. Le Why Café, mon calepin Moleskine et le stylo Pilot Dr. Grip Gel qui ne me quitte jamais. Je dévore le livre deux fois plutôt qu'une, dans les airs entre Montréal et Winnipeg, à une altitude de 38 400 pieds et une vitesse de 500 mph. En page 145, je lis deux phrases qui résument parfaitement bien ce que je ressens lorsque je suis dans les airs:

D'un point de vue universel, nos stress, nos anxiétés, nos victoires et nos défaites comptent bien peu. Mais c'est devant notre apparente insignifiance que nous trouvons le sens de la vie.

Depuis l'adolescence, je me pose sans cesse la question "Pourquoi suis-je ici?" Je n'ai jamais trouvé de réponse satisfaisante. Et là, alors que je survole la terre, en route vers un événement planétaire qui retiendra l'attention de milliards d'humains, la réponse se pointe, sous forme d'un livre de 146 pages qui se lit en une heure!

La coïncidence frappe encore plus alors que je m'amuse à écrire mon nom sous celui de l'auteur, puis du traducteur. Le nombre de caractères correspond! Un autre signe? Il me semble que la vie me dit: "Saisis-le Fortin! Ne laisse pas la peur t'engourdir une fois de plus!".

Pendant les Jeux, j'ai publié des billets quotidiens. Depuis mon retour, loin de cette énergie folle, je retombe dans la routine et dans la peur de ne pas être à la hauteur, de n'avoir rien à dire. Je saisis le Why Café pour relire mes notes, saisies là-haut à l'encre bleue. J'avais entre autre souligné ceci:

Pourquoi passons-nous tant de temps à nous préparer au jour où nous pourrons faire ce que nous voulons au lieu de tout simplement faire ce que nous voulons dès maintenant?

Ma mère me répète depuis toujours que je possède une superbe plume, que je devrais être écrivain. Certains profs du secondaire, du CEGEP, de l'Université de Montréal et de l'UQAM me l'ont aussi mentionné à maintes reprises. Je n'ai jamais osé. Pas le temps, pas assez bon, pas intéressant. Toutes les raisons sont bonnes pour passer à côté. J'ai toujours œuvré en communication-marketing, question d'assouvir en partie mon besoin viscéral de création. Aujourd'hui, je créé des événements. Tant de mes collègues pensent que je ne suis bon que pour réserver des salles et de l'audio-visuel... Est-ce moi qui disait ci-haut qu'il faut tout faire pour ne pas avoir de regret en quittant ce monde? Incroyable. Je n'exploite pas du tout mon plus grand talent. Je le cache. Encore ce mot. Pourquoi?

Mercredi dernier, Guy Bélanger, le président du regroupement commercial IC&I de la CIGM, m'a demandé de présenter mon expérience aux Jeux, lors d'une conférence qui regroupait une cinquantaine d'agents immobiliers. Quelle belle énergie! Pourquoi suis-je ici? Pour inspirer les gens. Voilà.

Demain soir, je vous résume ma présentation aux employés de la CIGM. J'ai douze minutes pour en raconter 30 240! De 12 h 15 à 12 h 27, je revêt mon uniforme de Schtroumpf et tenterai d'inspirer mes collègues! Et surtout, en convaincre certains que mes capacités dépassent de beaucoup la réservation de salle et d'équipement audio-visuel!

11 mars 2010

Déjà un mois... Déjà une semaine...

Bon matin chers lecteurs! En ce jeune jeudi 11 mars, je peux affirmer que le choc du retour est chose du passé. Les deux premiers jours au travail et le premier weekend en famille se sont parfois avérés difficiles, très difficiles. Depuis lundi, je retrouve mes repères et reprend le rythme.

Je viens de revoir toutes les photos prises pendant mon séjour à Vancouver. Plus de 1 000!!! Jamais je n'avais imaginé en avoir pris autant! Je comprends mieux pourquoi les photos professionnelles semblent si parfaites. Ils en prennent des dizaines pour en garder quelques unes. Je vous invite d'ailleurs à visiter la magnifique galerie de photos de Robert Gauthier and Wally Skalij, photographes du L.A. Times. Gauthier documente une journée de travail. Certaines de leurs photos mettent en vedette MA montagne, Cypress. Ski acrobatique: ici, ici et ici. Snowboard, halfpipe: ici, ici, et ici. Bosses: ici et ici. Enfin, la plus belle d'entres toutes: une quart de finale en snowcross homme.

Je peine à croire qu'il y a un mois, je quittais Richelieu pour Vancouver. Et qu'il y a sept jours, je revenais à la maison. Mes aînés reconnaîtront là la force du temps qui s'égrenne rapidement, alors que pour les benjamins, rien ne va assez vite. Étrange cette notion d'espace et de temps. Dans le 737, j'ai traversé trois fuseaux horaires et 5 000 kilomètres en moins de cinq heures. Nous en mettons douze en famille pour franchir les 1 200 kilomètres qui nous séparent des Iles-de-la-Madeleine.

Cypress sera à jamais pour moi la montagne maniaco-dépressive. Celle qui t'emmène au 7e ciel avant de te faire plonger en enfer. Les photos du 16 février accompagnées du billet du jour me le rappelleront toute ma vie.

Dehors à 3 h 45 sous un déluge (il tombera 40 mm de pluie ce  matin-là). Début de quart à 5 h 30 dans la noirceur, la brume et la pluie, suivi d'un dégagement sur l'heure du midi. Il s'agissait de ma quatrième journée de travail. Celle qui m'a presque vu maudire mon expérience aux Jeux, puis retrouver la bonne humeur en croisant Quatchi et enfin l'extase avec une 2e médaille d'or en quatre jours! Sans compter la présence de Michaëlle Jean, qui m'a serré la main à deux reprises à mon point de contrôle d'accès.

Cypress s'avère le lieu où le Canada a remporté 29 %  de ses médailles d'or (4 sur 14) et d'argent (2 sur 7)! Cypress a brisé le mauvais sort et fait d'Alexandre Bilodeau un héros national. Cypress a provoqué la risée des médias internationaux.

Cypress, ma maniaco-dépressive favorite, a même fait l'objet d'une mention dans le discours de clôture de John Furlong:

À tous les hommes et les femmes vêtus de manteaux bleus, vous êtes les véritables héros de ces Jeux. La promotion de 2010 : une équipe parfaite qui s’est comportée avec dignité et s’est donnée corps et âme à la tâche. Vous avez souri, vous avez encouragé et su remplir le cœur de nos visiteurs d’amitié et de bienveillance. Pour bon nombre d’entre vous qui ont agi en coulisses, un simple merci ne suffit pas. Vous avez tout donné afin d’affronter une montagne entêtée. Le résultat : manteaux bleus 1, météo de Cypress Mountain 0. Vous avez été mis à l’épreuve encore et encore et vous nous avez rappelé quotidiennement à tous que rien ne peut égaler la force de détermination du cœur humain. Que vos contributions ici soient comme une médaille d’honneur que vous porterez tout au long de votre vie. Puisque de par votre service, vous avez montré au monde ce qu’est un Canadien fier et généreux.
Lors de mon dernier quart de travail à Cypress, le 27 février, j'ai reçu quelques cadeaux de VANOC: une montre Swatch, une épinglette du CIO, une médaille coulée par la Monnaie royale canadienne et une étiquette identification de bagages. Ces souvenirs, ces centaines de photos, les mots de John Furlong et tous ces "Thank you for beeing a Volunteer" reçus des milliers de spectateurs et de vancouverois me permettront, je l'espère, de conserver le sourire et le moral dans les hauts et les bas de ce passage sur la planète bleue.

7 mars 2010

Nourriture maison, télé et aréna

Je reprends peu à peu le rythme de la maison et ses activités quotidiennes. La petite chatte KitKat, âgée de huit mois, qui veut jouer avec le vieux matou de 17 ans, Réglisse. Ce dernier qui refuse en "criant" son désespoir. Les enfants qui écoutent la télé, le son toujours trop fort. La vaisselle, le compost, le recyclage, les poubelles, vider la litière. Les bons repas maison et les arômes dégagés par leur préparation. Le verre de rouge qui accompagne la nourriture. Le matin, vers 7h, le soleil éclaire la rive ouest du Richelieu, face à notre chambre. Le soir, de la salle de bain, je distingue la croix illuminée sur le Mont Rougemont. Mon coin de pays ne possède certes pas la mer et les hautes montagnes, ni la douceur de Vancouver. Mon coin de pays, ce sont les champs, la rivière Richelieu qui coule du sud vers le nord, les collines montérégiennes, les quatre vraies saisons. Il faut voyager pour apprécier la beauté qui nous entoure. Vous n'avez pas l'occasion de le faire? Je vous suggère de voyager par le Web.

Pour en apprendre plus sur une destination, Google Maps et Wikipedia constituent mes points de départ. Voyez-vous le petit bonhomme jaune, à gauche? Cliquez dessus. Il s'agit de Street View, qui vous permet de vous visiter un lieu virtuellement. En ouvrant le lien "more info" situé à droite du résultat North Vancouver, BC, j'obtiens une liste de sites intéressants, dont Wikipedia. Vous vous laissez ensuite guider par votre curiosité... Je vous garantis qu'à la vitesse à la quelle se développe l'internet et l'informatique, dans quelques années nous aurons l'impression d'être sur place. Pour vous en convaincre, allez voir le film Avatar en 3D...

En lisant l'article Wikipedia portant sur North Vancouver j'ai d'ailleurs appris que selon le recensement de 2001 de Statistique Canada, ses résidents sont les plus en forme au Canada! Je viens de comprendre pourquoi je ne voyais pas beaucoup de personnes portant un surplus de poids dans les rues! Vous avais-je dit que chaque autobus peut transporter deux vélos sur le devant? Que vous pouvez entrer dans le métro avec votre vélo? Translink possède une section à ce sujet sur son site web.

J'ai passé les trois dernières semaines au grand air et j'ai marché au moins cinq kilomètres par jour. Cette activité quotidienne a eu un effet bénéfique sur ma santé physique et mentale. Adieu dépression saisonnière et plusieurs milliers de grammes de matière adipeuse! J'appréhende le retour à l'intérieur, assis sur une chaise, devant un ordinateur... Mon prochain défi: maintenir ce niveau d'activité physique. Dernier point avant de relire les billets publiés lors de mon séjour aux Jeux. Le hockey mineur.

Je viens de passer trois semaines loin des arénas, après six mois de visites assidues. Le camp d'évaluation du Bantam AA s'est ouvert le 15 août et le 15 septembre, la saison de Mathieu prenait son envol. Celle de Félix dans le novice a débuté aussi en septembre. Hier, j'effectuais un retour dans un aréna. L'équipe de Félix, les Castors 2 de Marieville, novice A, disputait son premier match des séries éliminatoires. Je ne me souvenais plus à quel point certains parents dans les estrades perdent les pédales. Ils crient après les enfants, engueulent les arbitres, gesticulent, en bavent presque! Quelle honte! J'avoue que j'ai failli aller prendre l'air, tellement je trouvais la situation ridicule. "Youhou! Ce sont des enfants de 7-8 ans! Va sur la glace, tu comprendras qu'ils n'entendent rien de vos vociférations..."

Le bleu de mon manteau des Jeux fait surgir une idée. Monter une brigade de casques bleus qui se promènerait dans les arénas, sans prendre partie pour les équipes. Nous filmerions les parents et projetterions les images sur écran géant à la fin des matchs, lorsqu'ils attendent leur enfant. Certains changeraient peut-être leur comportement ...

5 mars 2010

4 mars - le retour au travail

8h12. La Corolla s'engage dans la sortie 29 de l'autoroute 10, en direction de Montréal. Le soleil brille dans le ciel bleu. La chance m'a suivie: en démarrant, la chanson Beautiful Day de U2 joue à NRJ. U2 que je verrai en spectacle le 16 juillet prochain, avec Nathalie, à l'Hippodrome de Montréal. Nous partons le lendemain pour nos trois semaines aux Iles-de-la-Madeleine.

...It's a beautiful day
Don't let it get away
It's a beautiful day...

Flashback. Dorval hier soir, pendant que nous attendions l'ascenseur pour monter au 3e étage du stationnement. Un monsieur fin cinquantaine, manteau de smurf sur le dos, arrive en compagnie de sa femme. Il me jette un coup d'oeil. Je saisis l'éclair au fond du regard, le petit sourire en coin, le hochement de tête à peine perceptible. Aucun mot ne sort de nos bouches. Pourtant, j'ai senti toute l'émotion, les souvenirs traverser entre nous.

J'approche du Pont Champlain. Le slogan d'un panneau publicitaire du restaurant Cumulus du Quartier Dix30 attire mon regard: "Manger au 7e ciel". Nouveau flashback. La chaise quadruple 7th Heaven Express de Blackcomb qui m'a mené à 7 491 pieds d'altitude samedi.

Arrivée à la Chambre immobilière, au 600 chemin du Golf à l'Ile des Soeurs. Pas de sécurité? De fouille? Pas de bulletin de nouvelle quotidien à lire, de bouteille d'eau Dasani à saisir? Je monte au 2e. Pas de chocolat chaud, ni de biscuits moelleux pépites de chocolat. Point de briefing avant de débuter la journée, encore moins d'épinglette à échanger.

Rien de tout cela. Que des collègues curieux d'entendre mon expérience. Ceux qui ont lu mon blogue quotidien savent. Ils découvrent enfin, je l'espère, la flamme qui brille dans mes yeux. Je raconte mon histoire une fois, deux fois, dix fois. Je décris mon expérience des sourires lancés aux spectateurs qui quittent le site. Marc me répond qu'il s'agit de l'effet miroir. "Tu as bien raison! Un miroir! Notre entourage réflète ce que nous dégageons". Message à retenir pour les lecteurs qui pensent que le monde est sauvage et ingrat envers eux. "Souriez que diable! Donnez généreusement aux autres et ils vous donneront en retour!"

Au souper, point de soupe, de pâtes, de barre tendre, de banane et de bouteille de jus d'orange concentré Minute Maid. Non. Le menu comprend une succulente soupe aux légumes maison, du pâté chinois et un gâteau au chocolat qui fait baver le gourmand que je suis. Les enfants y ont même reproduit en couleur le logo des Jeux. Wow!

Je vous quitte sur quelques citations qui résument ce que je ressens ce soir:

"Il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel."
Dalaï Lama

"Si vous pensez que vous êtes trop petit pour changer quoique ce soit, essayez donc de dormir avec un moustique dans votre chambre."

Betty Reese

"La chose importante à garder en tête est qu'il ne faut jamais attendre une minute pour commencer à changer le monde."
Anne Frank

"C'est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu'il en a reçu." Albert Einstein

"Un pessimiste fait de ses occasions des difficultés, et un optimiste fait de ses difficultés des occasions."
Harry Truman

"Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve."
Antoine de Saint-Exupery

"Une société sans rêve est une société sans avenir."
Carl Gustav Jung

4 mars 2010

Le vol de retour

6h20. L'heure du retour au Québec sonne. Je refais le parcours en transport en commun auquel je m'étais habitué: 228, Seabus, Canada Line vers YVR.

Au transfert à Lonsdale Quay (vous vous rappelez? Il faut prononcer Ki et non Ké), j'achète l'ourson Starbucks Vancouver 2010. Trop mignon. Je ne peux le laisser ici, loin de moi. Point de café ni de déjeuner car j'ai bien assez de ma valise à roulette qui dépasse sûrement les 50 lbs réglementaires, mon sac à dos noir rempli à pleine capacité et enfin mon sac à dos de bénévole qui contient entre autre le laptop. L'expression appropriée me décrivant serait: chargé comme un mulet. Mes collègues de la Chambre immobilière me reconnaîtraient aisément, moi qui quitte souvent le bureau avec plusieurs sacs (laptop, projecteur, rallonge et barre multiprise, dépliants) et boîtes lors de mes événements.

Sur la Canada Line, je découvre les stations qui se cachent après Olympic Village, là où je descendais pour emprunter le Street Car Bombardier vers Granville Island. Ais-je déjà écrit que Montréal devrait se grouiller le derrière et implanter un tramway au p.c. ??

8h10. Arrivée à YVR. Mes appréhensions se confirment: la valise noire pèse 59 lbs, le sac à dos, plus petit, à peine 29 lbs. Sourire dirigé vers M. WestJet: "Les deux ensemble font 88 lbs, 44 lbs chacune, je suis OK? Ça va. J'ai compris ..." Je m'installe dans un coin et tente du mieux que je peux de répartir le poids. Je fais vite, car je veux passer la sécurité, acheter quelques cadeaux, un café et de quoi manger. Je retrouve l'employé de WestJet qui imprime les étiquettes de bagages, un filet de sueur froide coulant dans le dos. Le verdict tombe, implacable: 52.8 lbs. "I'll let you go for now, but pay attention next time..." dit-il en apposant l'étiquette et un ruban bleu qui indique "HEAVY". Ouf! Vite, vite, sécurité, cadeaux, bouffe.

À mon tour de me faire servir le discours: "Videz vos poches, enlevez votre manteau, jetez votre eau ici, dans la poubelle..." Quand les spectateurs se présentaient devant moi à la sécurité, je les recevais avec un sourire et ma joke Welcome to Cypress Airport. Ici, un employé blasé me récite son blabla. J'avoue que répéter la même phrase quarante heures par semaine, cinquante semaines par années doit abrutir, mais bon, un sourire aiderait peut-être?

9h45. Je prends place dans le siège 2F, voisin de deux québécois. 10h15. Les bagages entrent encore dans la soute. Pour un vol qui devait quitter à 10h, bravo!  Le pilote vient nous annoncer que les vents ne seront pas favorables aujourd'hui et que l'envolée sera plus longue que prévue. Qu'est-ce qu'un retard d'une heure sur trois semaines? Sur deux mois? Sur trois? Rien du tout. Ce soir, nous retrouvons nos blondes, nos enfants, nos maisons, notre routine. Pourquoi deux, trois mois? 
Mon voisin de gauche, siège 2E occupe un emploi de technicien chez Bell. Il vient de passer deux mois dans un hôtel de Vancouver, avec plusieurs autres collègues du Québec. Le pauvre travaillait à Canada Hockey Place. Pendant six semaines, ils ont patiemment monté l'infrastructure de télécommunication pour les Jeux. Par la suite ils veillaient au grain, qui ne s'est pas présenté. J'ai donc pu vivre les matchs de hockey et leurs coulisses par procuration, en regardant ses dizaines de photos. Dès le match complété, démontage. Deux jours vs. les six semaines initiales... Vint ensuite le tour de 2D, directeur technique pour Radio-Canada Sports. Enfin, notre voisin arrière, 3F: la crème de la crème. Un autre québécois, qui lui travaillait sous la scène lors des cérémonies d'ouverture et de clôture. Conception et manipulation des fameux bras mécaniques de la flamme olympique ... qui ont fonctionné à merveille pendant des semaines et qui lâchent au moment où des centaines de millions de personnes regardent ... Que d'histoires qui s'ajoutent à celles déjà en mémoire. La chance continue de me sourire. J'espère qu'elle se déplace vers Montréal elle aussi!

Le ciel dégagé me permet d'admirer les Rocheuses, l'Alberta, les plaines de Saskatchewan et du Manitoba, les milliers de lacs du nord ontarien, le lac Témiscamingue et son île qui ressemble à une pièce de casse-tête.
J'admire le soleil qui se couche. Nous survolons Oka, Vaudreuil, l'Ile Perrot et atterrissons sur la 06 gauche. L'aventure prend fin ici, sur le tarmac. Je retrouve Nathalie et les enfants. Félix me remet un cadeau: un modèle diecast d'un 737 de WestJet. Trop cute.

19h. Nous quittons Dorval, en direction de Saint-Jean-sur-Richelieu, car Mathieu pratique à 20h avec son équipe. Bref arrêt à la maison, le temps de manger, caresser les chats et reprendre la route. Je raconte mon histoire pour la première fois à des parents de l'équipe.

À notre retour à 22h10, Félix ne dort pas. Il attend ses cadeaux et veut voir mon uniforme complet, mon accréditation et mes épinglettes. Je m'exécute avec plaisir. Je peux enfin partager avec mes proches ce que j'ai vécu si intensémment pendant 17 jours. L'histoire ne fait que commencer...

 

3 mars 2010

Dernière journée ... la suite

Il me restait une dernière chose à faire avant de quitter Vancouver. Depuis mon arrivée ici, la petite localité de Horseshoe Bay, située au tout début de l'autoroute Sea to Sky, m'intrigue. Je prend donc la 228 vers Lonsdale Quay, m'y achète un repas digne d'un voyage à Paris: petits pains, saucisson, fromage, demie bouteille de Merlot Cabernet. Je monte ensuite à bord de la 239, puis de la 257. J'arrive à Horseshoe Bay vers 12h45, au terminal de BC Ferries. Je m'installe sur une chaise Adirondack et contemple cette vue, tout en savourant mon repas du midi.
Cette photo provient du site de Horseshoe Bay. Le ciel tirait plutôt sur le gris pluvieux en cette dernière journée à Vancouver. Je savoure avec une grande joie ces moments de calme sur le bord de l'eau.
Dans plusieurs parcs municipaux, les bancs portent une inscription. Je pense que la chaise sur laquelle je m'installe m'appellait depuis mon arrivée à Vancouver. Elle porte en effet ce message:
...On the road to happy destiny. Moi qui me demande à quoi ressembleront les prochains mois, la vie m'envoie un très beau message! Je reprends le bus de 14h25, en direction de Vancouver. Je ne peux revenir à la maison demain sans avoir des surprises pour les enfants. À ma grande déception, le magasin de souvenirs officiels des Jeux, situé au La Baie du centre-ville, n'offre pas encore de rabais et plusieurs items sont en rupture de stock. Zut de zut!

Je découvre une ville différente de celle que j'ai connue dans les dernières semaines. Les touristes et les smurfs ont disparus des rues. Le plus grand calme règne au centre-ville. Dire qu'il y a 48 heures, c'était la folie furieuse ici!

Dans 9h30, je quitte la maison Orr-Nauman pour la dernière fois. La 228 de 7h02 m'emmènera vers Lonsdale Quay. Le Seabus me permettra ensuite de traverser les 3 km de Burrard Inlet, puis de monter à bord du Canada Line vers YVR. Le trajet complet prendra une heure. Dire qu'à Montréal, tout le monde s'obstine pour savoir sur quelle voie devrait passer le train entre le centre-ville et Dorval...

Les curieux pourront suivre mon vol en direct sur le site FlightAware. Dans quelques heures, je retrouve le Québec, ma famille, mes amis, le hockey... et le printemps!

2 mars 2010

Dernière journée à Vancouver

Il ne me reste plus que un dodo à Vancouver. Je viens d'imprimer, sur le site de WestJet, ma carte d'embarquement. Le vol 512 quitte YVR à 10h et devrait se poser à YUL à 17h43. Envolée de 4h30 prévue à une altitude de croisière de 37 000 pieds. Je quitte la maison sous peu et vais magasiner les souvenirs. Je me demande de quoi aura l'air le centre-ville, vidé de ses milliers de touristes et milliers de canadiens chantant l'hymne national et portant bien haut l'unifolié.

Je reviendrai à la réalité en moins de deux demain soir. Mathieu a une pratique de hockey à 20h, à St-Jean-sur-Richelieu. Nous quittons Dorval et je me dirige ensuite avec lui à l'aréna.

Je viens de recevoir le dépliant du colloque Je P(A)RENT ma place, organisé par Johanne Corbin, du Comité de parents de la Commission scolaire des Hautes-Rivières. Le colloque se tient le samedi 20 mars prochain. J'y animerai un atelier/conférence de deux heure, intitulé "Rêver, oui. Et surtout, persévérer".  Mon premier "vrai" contrat! J'ai hâte de rencontrer les parents. 

1 mars 2010

Retour à la réalité - Jour 1

Lundi 1er mars 2010. Quelle joie ces huit heures de sommeil! La plupart des jeunes du Québec débutent leur semaine de relâche. Il ne me reste plus que 48 heures dans cette superbe ville. J'ai l'impression de me retrouver sur un tapis roulant, dans un corridor d'aéroport. J'aperçois la fin, là où nous devons reprendre la marche. Je retrouverai ma famille mercredi soir et le boulot jeudi matin. J'appréhende le retour à la réalité, le changement de routine. Pour le moment, je continue à vivre le présent à 100 milles à l'heure.

Connaissez-vous le nom de l'autoroute entre Vancouver et Whistler? Sea to Sky Highway. Je l'ai empruntée samedi, pour me rendre à la montagne. De la mer au ciel. Trois éléments s'avèrent essentiels pour maintenir mon équilibre: la mer, la montagne et les grands horizons. Ici, à Vancouver, je retrouve les trois. Au Québec, j'ai les grands horizons à Richelieu, les "montagnes" à Rougemont, St-Grégoire et St-Hilaire. La mer, je la retrouve l'été, aux Iles-de-la-Madeleine. Aujourd'hui, grâce à Francine Bolduc, qui travaille au VANOC, qui m'a mis en contact en décembre dernier avec Bill More, j'ai eu la chance d'effectuer un vol en Cessna 172.

Ne vole pas qui veut dans le ciel du Grand Vancouver pendant les Jeux olympiques. En janvier, j'ai complété un formulaire de la GRC que j'ai faxé à Bill. Ils ont vérifié mes antécédents. Hier, Bill a déposé auprès du Integrated Security Unit (ISU) le plan de vol, ainsi que les noms des quatre pilotes à bord de l'appareil. Je vole en compagnie de Bill More, Doug Moore et Harry Pride. Aux dires de Bill, Harry est le plus vieux pilote privé au Canada. Il a obtenu sa licence en 1945, à la fin de la Guerre et ne fait pas du tout son âge: 84 ans! Les trois amis volent ensemble une fois par semaine, à partir du Pacific Flying Club, en compagnie d'un comparse que je remplace ce matin.

9h39. Notre avion se nomme Golf India Whisky Mike (GIWM). Nous décollons de Boundary Bay, en direction de Victoria. Doug et Harry occupent les sièges avant. Je suis passager et admire la vue. Les conversations avec les contrôleurs aériens me sont familières, car à St-Hubert, les échanges se tiennent en anglais avec les étudiants chinois. Nous atterrissons à 10h04. Café, toasts au Dakota Café du Victoria Flying Club. Bill et moi passons à l'avant. J'ai toujours été assis à gauche pour tous mes vols chez Cargair. Je ressens donc un certain inconfort. Envol à 11h08, vers Nanaimo.

À Nanaimo, nous devons passer le contrôle de sécurité, afin de pouvoir entrer dans la zone restrictive des Jeux. Je comprends pourquoi la sécurité a coûté si cher ici. Un autobus nous attend. Des policiers de la GRC et des employés de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) nous attendent.

Nous entrons dans le bus et devons nous soumettre à une fouille complète. Nous devons même enlever nos chaussures! Un policier inspecte l'avion. Ils vérifient notre identité et une fois le résultat de l'inspection positif, envoient un message à ISU. Nous devons attendre leur approbation avant de reprendre notre vol! 2 policiers, 5 employés ACSTA. Très peu d'action pour eux durant les Jeux...

Bill me laisse les commandes pour le segment Nanaimo-Boundary Bay. J'effectue le décollage et tout le vol. Nous volons à 3 500 pieds. Bill effectue l'approche finale et l'atterrissage à Boundary. Pas le temps de faire une erreur dans un avion que je ne connais pas ... 1.7 heures de vol, de pur bonheur avec des collègues pilotes privés. Je pense à mon instructeur Guillaume, qui me disait souvent: "Elle est pas belle la vie?". Bill me fait visiter l'école de pilotage. Le dispatch me remet une tasse qui se lit ainsi: "Pacific Flying Club - I survived the 5 Ring Flying Circus" ainsi que la  carte aérienne intitulée Olympic Vancouver / Whistler VTA.

Plus que deux dodos à Vancouver. Ais-je vraiment vécu tout ceci? Vais-je me réveiller jeudi en me disant: "Wow. Quel merveilleux rêve"? Les athlètes olympiques poursuivent leurs activités et se retrouveront sous peu en Coupe du Monde ou aux Jeux de Sochi, dans quatre ans. Que me réserve le futur? Je ne sais pas encore. J'ai épuisé ma liste de rêves.

Demain, le magasinage, activité favorite des gars (n'est-ce pas messieurs?) m'attend. J'ai hâte de voir la longueur (ou l'absence) des files d'attentes. Le prochain défi qui m'attend: faire entrer toutes ces nouveautés dans mon sac à dos et ma valise...

Jour 17 - Cérémonies de clôture et hockey

Plus que trois dodos sur la côte du Pacifique. Les Jeux de Vancouver sont officiellement terminés depuis 19h30. Le dimanche 28 février 2010 vient d'entrer dans le Top 5 des journées les plus palpitantes de ma vie. J'ai quitté la maison à 4h30 et y suis revenu à 21h30. Deux seuls événements retiennent mon attention: les cérémonies de clôture et le match Canada-USA.

Arrivée à 5h45 à BC Place. Nous obtenons une accréditation spéciale pour la journée et passons la sécurité à la porte 3A. À 6h, l'équipe GOLD, composée de 31 bénévoles, débute son travail dans la section VIP. Nous devons placer sur chaque siège le kit du spectateur pour les cérémonies. Chaque boîte est numérotée.

La chance, cette fameuse chance, me poursuit encore une fois. Nous plaçons nos premiers kits au pied de l'estrade des VIPs, sur laquelle prendra place les chefs des Premières Nations, le CIO et le premier ministre du Canada. Vous me suivez depuis assez longtemps pour deviner que je n'ai pu résister à la tentation d'aller y lire les noms sur les chaises, voire même de m'y asseoir quelques secondes. Notre superviseur nous interdit de prendre des photos. Dans mon for intérieur, je pense: "Écoute moi bien mon cher. J'ai été l'un de vos bénévoles portant le signe BONJOUR, grâce auquel VANOC a pu démontrer un côté bilingue aux Jeux. Vous ne m'avez pas aidé du tout pour me trouver un logement, je me suis levé à 4h15 pour être ici aujourd'hui, alors tu sais quoi? Ma paye, ce seront ces photos, qui me permettront de chérir ces moments inoubliables. Ne t'en fais pas, elles ne seront pas sur le Net avant la cérémonie."

Nous avons placé les kits près de l'orchestre, au parterre, dans la section des athlètes et dans les 400, tout en haut du stade. J'ai pu profiter de tous les angles de vue possible. L'organisateur d'événements que je suis avait de la misère a se concentrer sur la tâche, tellement j'avais à observer à gauche et à droite. J'adore ces moments fébriles qui mènent vers le "Cue" qui lance le show. Je n'ai jamais vu autant de technologie et d'audio-visuel de toute ma vie! J'ai même mis les pieds sur l'immense scène. L'équipe technique a eu la gentillesse de projeter la fin de la première période sur les écrants géants et de nous donner le pointage. Que de cris il y avait!!

À 13h, nous avons terminé notre boulot. Je pars à la recherche d'un écran de télé au centre-ville. J'aboutis à Livetown Vancouver et regarde la troisième période sur l'écran géant. Vous connaissez la suite aussi bien que moi. J'ai eu la chance de vivre la folie sur place. Par contre, à lire les status Facebook de mes amis, j'ai constaté que cette folie faisait vibrer le Canada tout entier.

Je regarde les cérémonies de clôture en direct à RDS, sur l'écran géant de la scène de la Place de la francophonie. à 18h16, John Furlong remercie les bénévoles, ces milliers de manteaux bleus. Richard Garneau mentionne: "ils sont la colonne vertébrales des Jeux..."

23h07. Le sommeil s'empare de moi. Je reviendrai sur cette journée. Pour le moment, je dois me reposer car demain matin à 7h45, Bill More passe me prendre. Nous effectuerons un vol en Cessna 172!

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