Roselyne et ses amis quittent l'école primaire dans moins de huit semaines. J'ai encore le souvenir de mes visites dans leur classe, en maternelle, pour leur lire de ces histoires qu'il m'arrive d'écrire pour les petits. J'avais 35 ans, les élèves 5-6. À cet âge, point de grande conversation philosophique, on s'entend. Ce fut la même chose dans les classes de Mathieu. Aujourd'hui, Math et ses amis affichent 15 années au compteur. Je revis les mêmes étapes avec Félix, qui est en deuxième année. Un immense fossé semble exister entre les adultes et les enfants. Ce même fossé perdure entre les ados, les jeunes adultes et les "plus vieux". Pour moi, la différence d'âge, ça n'existe pas.
Est-ce parce que mon père a dix ans de plus que ma mère? Que celle-ci était la 13e dans sa famille et qu'entre elle et sa plus grande soeur, il y avait au-delà de 25 années de différence? Est-ce parce qu'en côtoyant la famille Côté et la famille Fortin, je me suis toujours senti traité d'égal à égal? Est-ce mon implication auprès des jeunes dans l'AIESEC depuis 1998? Un peu de toutes ces réponses je pense. Peut-être est-ce aussi cette citation, lue quand j'étais à l'université:
"Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans."
Selon vous, qui a dit ceci? Très certainement un adulte, me direz-vous. En effet. À la fin des années 80? En 1970? Non. Il s'agit de Socrate, philosophe grecque. Il a vécu 400 ans avant J.C. Cette phrase a été écrite il y a plus de 2400 ans! J'entends des phrases similaires dans la bouche d'adultes de tous les âges ... et le plus drôle, dans celle de jeunes dans la vingtaine!!! "Ah les jeunes d'aujourd'hui ..."
Je rêve du jour où les humains, au contact d'un des leurs, écouteront sans idées préconçues. Après tout, chacun a son histoire propre, une histoire qui peut nous permettre d'avancer dans la vie. Êtes-vous allé dans le Sud cet hiver? Vous avez passé des heures dans le sable n'est-ce pas? Le sable. Gros amas de grains qui nous procure de la chaleur, dans lequel notre corps se moule. La mer le compacte, la nuit le refroidit. Avez-vous saisi dans votre main une poignée de ce sable dont vous rêviez tant, sous les latitudes nordiques? Avez-vous laissé filer les grains un à un? Chaque été, aux Iles-de-la-Madeleine, j'accomplis ce rituel tous les jours. L'infiniment petit.
Quand j'étais plus jeune, j'aimais me coucher sur le dos et observer les étoiles. L'avez-vous fait dernièrement? Pas moi. Je devrais. Il faut dire qu'étant donné que la majeure partie de la population réside en milieu urbain et que nous n'aimons pas la noirceur, nous éclairons à outrance (pour les curieux, voir ces articles sur la pollution lumineuse en français et en anglais) et ne voyons plus le ciel étoilé. Quel dommage. En voyant ces milliards d'étoiles, entourées de milliards de planètes, je réalise que nous ne sommes qu'un infime grain de sable dans l'univers. Nous accordons tellement d'importance à la différence, au lieu de voir la beauté qui nous entoure. Au lieu de constater que nous devrions tous nous aider.
L'enfant à qui je racontais une histoire il y a six ans sera un adulte demain. Les jeunes que je rencontre à AIESEC HEC n'étaient pas encore nés quand je suis entré à HEC! Pourtant, je ne vois pas cette différence d'âge. Je vois un être humain en devenir, qui chemine vers sa destinée. Quand je jase avec un enfant, je m'accroupis devant lui, pour être à sa hauteur. Dans ses yeux, je vois le monde en création. Ce jeune que je coachais au hockey il y a deux ans sera peut-être mon patron dans vingt-cinq ans.
Il y a 35 ans, j'étais sagement assis au bout de la table et j'écoutais mes oncles et tantes discuter. Aujourd'hui, j'échange avec eux d'égal à égal. Est-ce parce que je suis dans la quarantaine, à cheval entre les jeunes et les âgés? Peut-être. Aurai-je le même discours à 50, 60 ans? J'en suis convaincu. Je pense que cela me vient de ma tante Jacqueline, qui a conservé toute sa vie cette petite lueur enfantine au fond des yeux. Elle m'a fait réaliser que l'âge n'a pas d'importance. Que ce qui compte, c'est la capacité de s'émerveiller devant tout.
Mesdames, messieurs, les filles, les gars, on peux-tu arrêter de dire "ah les jeunes d'aujourd'hui, c'est pas comme dans notre temps ...".
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