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24 avril 2013

Quand la tempête gronde...

Il me semble n’avoir jamais été aussi désespéré devant une page blanche. Le curseur me harcèle. J’ai l’impression qu’il me nargue, m’annonce que ma muse des mots s’est poussée. Mardi 23 avril, 23 h 22. Je pianote sur le clavier Microsoft neuf de papa. Dans le sous-sol de la maison où j’ai vécu de 1977 à 1988, avant de quitter pour découvrir le vaste monde. Dans soixante minutes, je viens au monde. Pour la 45e fois. Je suis né le 24 avril 1968, à minuit vingt-six.

Le 1er mars, j’écrivais que je débutais le 1er jour de ma nouvelle vie. Un an plus tôt, je demandais à la mort de me crisser patience. Elle m’a écoutée… 13 mois! Mercredi dernier, mon monde a basculé. À 15 h 33, mon iPhone s’est mis à vibrer. L’écran affiche : « Véronique – mobile ». L’horreur s’abat : « Papa est mort. En vélo. On se revoit à Québec dans quelques heures. »

Choc total. CHOC. TOTAL. Déni, tremblements. Je ferme la porte de mon bureau. Je hurle par en-dedans. Je tremble. Il me restait une journée de travail avant de débuter dix jours de congé bien mérités. Je ne comprends pas. Je pensais refaire le plein d’énergie pendant cette semaine. J’avise mon grand ami Frédéric, que je connais depuis septembre 1988. Nous travaillons ensemble à la CIGM depuis 2003. En me voyant, il m’offre immédiatement de venir me reconduire à la maison. Je refuse. J’aurais dû. Je n’ai aucun souvenir de ma traversée du pont Champlain. Que des hurlements, des pleurs et des torrents de larmes. Mon auto s’est rendue à la maison sur les réflexes. Elle m’a par la suite menée à Québec.

FUCK. T’as fucké le plan, crisse de vie de marde! Tu devais venir chercher maman en premier. C’est elle-même qui le dit! Pas papa. Tu t’es trompée!! Non. N. O. N.

20h. Arrivée à la maison. On se lance dans les bras l’un l’autre. « C’est un rêve hein, dis-moi que c’est un rêve? ». Ben non. Papa est là, étendu sur la civière à l’urgence. Il nous y attendait depuis 15 h. Véro lui tiens la main, je vérifie ses objets personnels dans le sac blanc. Arrêt cardiaque en faisant ce qu’il aimait : pédaler le visage au vent. Je caresse la belle tignasse blanche de mon papounet. La dernière que j’ai fait cela, je devais avoir moins de 10 ans. Il est là, il fait dodo. Il va se réveiller. Ce n’est qu’un putain de cauchemar sale. Nous avisons l’infirmière que nous quittons.

Les jours suivants sont une suite ininterrompue d’appels, de courriels, de larmes. Papa est l’exécuteur testamentaire « officiel » de la famille Côté et de certains Fortin depuis plusieurs années. Il m’avait parlé, lors du décès de mon parrain, qu’il avait préparé un fichier Excel contenant toutes les informations nécessaires. Tout y est! Incroyable. Véro et moi n’arrêtons pas une seconde. Un sentiment d’urgence nous habite.

Ma belle grande fille Roselyne, après huit mois d’entrainement à raison de 4-5 heures par semaine, participait aux championnats provinciaux de cheerleading au Centre Claude-Robillard à Montréal. Je ne pouvais rater cela. Les filles ont offert une superbe prestation et se sont classées 5e au Québec! J’y croise ma cousine et marraine Louise. Je reviens à Québec dimanche. Nathalie et les enfants m’accompagnent. 

Lors de ces brèves heures en dehors de Québec, j’ai eu l’impression d’être un militaire qui quitte la zone de combat pour retourner en arrière-ligne prendre du repos. Lorsque que Nathalie et les enfants sont partis après le souper, j’ai senti le poids s’abattre à nouveau sur mes épaules. « Je dois m’y remettre. » Dame nature coopère avec nous, en nous envoyant du soleil et du bleu à profusion. Je reçois des dizaines de messages de sympathies par courriel et par Facebook. Tous m’aident à tenir le coup.

Papa était un être exceptionnel qui a toujours fait passer la vie des autres avant la sienne. Toujours prêt à aider sans aucune réserve. Il aimait donner. Et pourtant, il était si secret. Aider était naturel. Demander, impossible. Depuis jeudi dernier, je plonge dans ma vie. Je me sens voyeur. J’espère, papa, que tu ne m’en veux pas trop de chercher autant dans tes classeurs, dans ton ordinateur. Je pense que la vie qui me pousse à écrire le fait afin de rétablir l’équilibre. Vous connaissez la théorie du balancier? Il était à un extrême, je suis à un autre. Auparavant, mes écrits restaient secrets. Aujourd’hui, une infime partie se retrouve sur internet. 

Malgré les apparences, je suis une personne très réservée, beaucoup plus apte à observer dans l’ombre qu’à prendre toute la place sous les feux de la rampe. Pourtant, une voix intérieure me pousse à écrire, à prendre parole pour tenter de rendre le monde meilleur. Un jour, je serai assis à une table dans un Salon du livre près de chez vous. Tel est mon destin.

Il y a cinq ans, je me jurais de débuter mon cours de pilote privé. J’ai obtenu mon permis en octobre 2009. Cette année, je me jure d’écrire enfin ce livre que je porte depuis si longtemps. Et de le publier. Parfois, la vie doit nous envoyer des messages très durs afin que l’on comprenne.

La vie peut vous lâcher n’importe quand. Prenez une feuille de papier. Écrivez vos rêves dessus. Et commencez à agir tout de suite.

Ça y est. J’ai officiellement 45 ans. Je débute la 46e année de ma vie. Le 1er mars, je pensais me rendre jusqu’à plus de 94 ans. Je n’en suis plus aussi sûr. Mon observation de la nature m’a appris une chose : l’arbre le plus fort plie sous les assauts du vent. Alors je plie et me laisse fouetter par la tempête que je traverse. J’en sortirai grandi.

4 commentaires:

  1. Courage Christian. Et surtout suis tes rêves. C'est tout ce qu'on a.

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  2. Christian.

    Lorsque mon père est parti, il avait à peu près le même age que le tiens. Mon monde s'écroulait, bien que nous nous préparions à cette éventualité depuis quelques mois. Presque 7 ans après, il me manque toujours et il se passe peu de temps, sans que je ne pense à lui. Ton père est irremplaçable, et il te manquera tous les jours. Par contre, j'espère que comme moi cela te permettra de comprendre certaines choses, et surtout te permettra de réaliser certaines autres. Suite à son décès, j'ai suivi ma formation, et suis devenu pilote. Je ne pense pas que je l'aurai fait sans ce triste événement. Bon courage, et bonne continuation.

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  3. 'Un jour, je serai assis à une table dans un Salon du livre près de chez vous.'
    Moi je serais en ligne dans ce même salon du livre pour une dédicace.

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  4. Merci Lilian! Suivre mes rêves. Tu me donnes l'idée de la conclusion de mon billet du jour.

    Merci Jean Jacques. Tu as raison. Je commence à comprendre et à réaliser des choses. Je suis devenu pilote à 41 ans, après avoir vécu la mort d'un ami aux mains du cancer. J'aimerais bien d'ailleurs faire un vol avec toi dans la région de Québec!

    Patriq, ce sera avec grand plaisir!

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