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31 mai 2010

Notre vieux chum Réglisse s'éteint

Dans la nuit du 19 au 20 mai, notre vieux Réglisse s’est éteint, à l’âge respectable de 16 ans et 10 mois. Pas pire pour un chat de ville transformé en chat de campagne! Réglisse est né à Drummondville à l’été 1993. Je travaillais alors chez Venmar Ventilation. Nath et moi parlions d’enfants. J’avais lancé, mi-blagueur, mi-sérieux : « On pourrait pt’être avoir un chat? Y a justement une fille à la job qui en a à donner. Si je suis capable de m’en occuper, je devrais réussir à faire de même avec un enfant? » J’entends les filles soupirer devant l’écran : « Ben voyons! Tu parles d’un raisonnement! » Eh oui, une réflexion songée de gars! Et sa réponse en canne : « Que voulez-vous, chus faite de même! »

Ce fut quand même bénéfique, cette stratégie des petits pas. Mathieu arrive en 1995, Roselyne en 1997 et Félix en 2002. Je garderai de beaux souvenirs de Réglisse. Comme la fois où il a découvert que la moustiquaire de la porte-patio constituait une excellente tour d’escalade. Il m’apprenait que l’impossible n’existe pas. Comme ces nuits d’enfance où il passait la nuit en partie sur mon oreiller, puis sur celle de Nathalie, question de ne pas faire de jaloux. Il nous apprenait l’égalité. Cette photo qui parle : « Tiens, un petit nouveau dans l’appartement. Il est donc bien minuscule! »

Réglisse passe de chat d’intérieur à chat d’extérieur en août 1995, lors de notre déménagement à Richelieu. Il découvre l’herbe, les fourmis, les papillons. En janvier 1998, il passe une semaine caché dehors, terrorisé par les craquements des arbres qui tombent sous l’effet du verglas. Nous nous réfugions à Noyan et il sortira de la vague de froid arctique avec un bout d’oreille en moins.

Je voulais avoir un chat pour apprendre à m’occuper d’un autre être vivant avec qui je pouvais interagir. En observant bébé Réglisse, j’ai appris à voir l’émerveillement dans les yeux, l’apprentissage de la vie, l’insatiable curiosité. J’ai appris à dire non et voir l’insatisfaction qui en résulte. J’ai appris la force des caresses qui font ronronner.

Un bon jour, j’ai remarqué que son regard avait changé. Adieu l’éclat lumineux de la jeunesse. Je voyais une teinte blasée qui laissait planer les regrets. « Been there. Done that. » L’expression anglaise est tout à fait appropriée. Regardez le regard de KitKat et celui de Réglisse. Jeunesse versus vieillesse. Flagrant n’est-ce pas?

Dans ses dernières années, Réglisse est redevenu un enfant. Il demandait sans cesse de l’attention, miaulait pour se faire caresser, faisait le difficile sur sa nourriture. Les couches pour chat n’existent pas, alors imaginez que le tapis du sous-sol en a vu de toutes les couleurs.

Pour la première fois de leur vie, les enfants sont confrontés à la perte d’un être cher. Roselyne a beaucoup pleuré. Elle réalise l’importance du moment présent, l’importance d’apprécier ce qui nous entoure. Dans la soirée du 19, elle a veillé Réglisse dans le sous-sol. Elle l’a flatté, lui a parlé tout doucement. Les gars, fidèles à la gente masculine, ont peu exprimé leurs sentiments. Au lever, Réglou était couché sur le côté, les pattes étendues comme lorsqu’il dormait. Le froid ayant pris la relève de la chaleur. Après le souper, nous avons fait une petite cérémonie pour notre vieux chum. Bye!

1 commentaire:

  1. wow !... beau texte Christian....j'ai eu moi aussi un chat pendant presque 15 ans : Coucoune !....j'ai vu moi aussi l'étincelle de ses yeux rapetisser plus les années avançaient..j'ai moi aussi vu dans ses yeux tristes des derniers moments: quémander de l'attention avant de partir pour le grand voyage....difficile de ne pas être nostalique en lisant ton texte.....
    Jacqueline

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