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27 février 2014

Dernier billet d'Istanbul. De Vancouver à Sochi, en passant par Rye Beach

Je suis assis sur des rochers, sur le bord d’une baie, du côté asiatique d’Istanbul. Un quartier résidentiel. Des condos. Une promenade de bord de mer, comme il en existe dans tous les pays du monde.

J’ai quitté l’hôtel Antis vers 11 h. J’ai monté vers le parc Sultan Ahmet, puis j’ai poursuivi mon chemin en suivant le parcours du tramway. Je suis brièvement entré dans le Grand Baazar et l’ai traversé d’un pas rapide. Le magasinage, encombré de gens, très peu pour moi.

J’ai tenté d’entrer sur le campus de l’Université d’Istanbul sans succès. À tous les accès, ils demandent une carte d’identité. Mon gros grand sourire et ma carte d’identité de l’Université de Sherbrooke n’ont pas réussis à attendrir la gardienne de sécurité. Pas de chance.

J’ai visité la Mosquée Süleymaniye, construite entre 1550 et 1557 pour le sultan Soliman le Magnifique. Comble de chance cette fois-ci. La mosquée a été entièrement restaurée et remise à son état originel. D’une beauté époustouflante.


En descendant vers l’eau et le terminal de traversiers, j’ai parcouru un quartier clairement défavorisé. Immeubles en ruines, gens en train de trier les montagnes de détritus dans certaines cours. Certains taudis qui tiennent à peine debout abritent pourtant des familles, à preuve ces vêtements suspendus à des cordes à linges. Comme partout, la misère côtoie l’abondance.

J’arrive au quai à 14 h, achète un jeton et monte à bord. Le timing est parfait. Le navire quitte à 14 h 10. La traversée dure 25 minutes et me mène au terminal de Kadiköy. L’endroit est immense et sert de point central pour les autobus et taxis de ce côté du Bosphore.


Au lieu de suivre les indications du guide que m’a donné Catherine Kornegay lors de notre arrivée à Sochi, je me dirige vers l’eau. Je marche dans des rues bondées de turcs et de touristes depuis deux jours. J’ai besoin d’air frais et d’espace. Bien m’en pris. Je marche sur une magnifique promenade riveraine. L’enfant est trop heureux de marcher sur des roches qui lui rappellent la côte Atlantique du New Hampshire ou celle des Iles-de-la-Madeleine. Je gambade d’un rocher à l’autre, telle une chèvre de montagne. Heureux vous dites ?


Je dépasse la pointe du cap et découvre une baie. Je ressens une extraordinaire impression de déjà-vu. En 2010, après les Jeux de Vancouver, je m’étais retrouvé, vers la fin du voyage, à Horseshoe Bay (billet à lire, se trouvant ici). Le ciel était nuageux, l’air frais. Comme en ce moment.

Sur le bord de la mer, bercé par le son de l’eau dans les rochers, les cris de goélands et sons des bateaux, j’avais conclu mon aventure à Vancouver, me promettant d’en revivre une autre à Sochi en 2014.

J’ai vu les hautes montagnes, respiré l’air sec en altitude. J’ai ouvert les yeux le plus grand possible, question d’emmagasiner toute cette lumière de sommets enneigés. Et là, à la toute fin du voyage, je suis sur des rochers identiques à tous ceux qui servent à enrocher les rivages de mer.

Le stylo trace, en bleu, ces lettres qui forment des mots, puis des phrases. La page blanche se recouvre. J’ai la preuve, une fois de plus, que la planète bleue, quoi qu’on en pense, est minuscule.


Par cette eau qui touche presque à mes pieds, je pourrais me rendre, en voilier, à l’écluse numéro un du Canal de Chambly. Le voyage serait long, ardu, mais tout comme cette goutte d’eau qui use le marbre, lentement, ce serait possible.

Je porte le manteau BlackMountain de mon père. Je viens juste d’écrire cette phrase et j’ai déjà les yeux pleins d’eau.

Je viens de sauter dans le temps. Je suis le petit garçon bronzé, cheveux longs et bouclés, qui est assis dans les roches à Rye Beach, avec sa petite sœur Véronique, ses parents, Rollande et Benoit, et ses oncles et tantes, Yvonne et Benoit, Annette, Cécile, Jacqueline et Jean-Paul. Ça y est, je pleure à chaudes larmes.

Papa, tu n’as pas pu faire tous les voyages dont tu rêvais. J’ai sciemment apporté ton manteau avec moi afin que de là-haut, tu découvres la Russie, Istanbul et Amsterdam. Merci papa de m’avoir appris à être généreux, serviable et confiant envers les autres. Cela me sert à tous les jours. Et en voyage, je me sens toujours comme chez moi.

Parce que tu le sais, toi qui connaissais tous les recoins merveilleux du Québec. Peu importe notre origine, notre langue et son accent, nous sommes tous humains, liés par la planète bleue.

16 h 50. Le temps est venu d’essuyer les larmes, de ranger carnet et stylo et de laisser mon intuition guider mes pas sur le chemin menant au traversier. Cette nuit, à 3 h 15, une navette m’emmène à l’aéroport. Dans quelques heures, je serai à Amsterdam.

Le soleil sort enfin des nuages. La vie m’envoie un autre crisse de beau message.



*** Ouf ! J’étais inspiré pas à peu près cet après-midi ! En retranscrivant, j’ai coupé plusieurs paragraphes. Et je suis rendu à 845 mots ! Merci d’avoir lu jusqu’ici !

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